
portante de cette caractéristique est que l’opérateur n’est jamais en contact direct avec l’environ-
nement virtuel concerné : il perçoit celui-ci au travers d’un écran ou grâc e à un visiocasque, il
agit sur celui-ci grâce à une interface de contrôle (souris, joystick... ) ou grâce à des périphé-
riques d’immersion (gants de données). Dès lors que le contact direct est impossible, comment
faire la différence entre en environnement réel et un environnement de synthèse ? Les seules
raisons actuelles qui permettent de faire une telle différence sont des raisons de nature tech-
nologique : piètre qualité des systèmes d’immersion, caractère visiblement artificiel des images
de synthèse. .. M ais ces ra isons ne constituent en rien un argument théorique valable. Il est par
exemple envisageable que dans l’avenir, les moteurs graphiques puissent produire des images
qui ne soient plus distinguables de la réalité filmée.
Tout ceci montre que d’un point de vue cognitif et compte tenu du fait que l’interaction avec
l’environnement virtuel est toujours indirecte, c’est à dire qu’elle passe par un système artificiel
de transmission d’information, un environnement rée l peut jouer le même r ôle qu’un environne-
ment de synthèse dans les situations déc rites p ar M
R
IC-e et M
R
ICm.
3.4.2 Virt ualité des mondes réels
De même que les environnements réels peuvent être virtuels d ans certaines situations, nous
devons aussi nous poser la question du statut des mondes réels, ce qui correspond au cas où
l’agent opératoire virtualisé est réel lui aussi. Plaçons-nous dans une situation ou un robot tota-
lement isomorphe à un corps humain (humanoïde) évolue dans un environnement réel distant.
Un opér ateur, totalement coupé de l’environnement du robot, est doté des mêmes systèmes d’in-
teraction que d ans le cas d’une immersion dans un monde d e synthèse. Chaque mouvement de
l’opérateur est ainsi retransmis au robot, et chaque perception du robot est réc iproquement re-
tournée à l’opérateur. Ce tte situation se modélise exactement de la même manière qu’une immer-
sion dans un monde de synthèse, c’est à dire par le modèle M
R
IC-m. La particularité d’une telle
situation est que le «système» de réalité virtuelle n’a e n charge que les processus de transmission
de l’information entre le robot et l’humain. Les mécanismes de gestion de l’environnement et
de son interaction avec le robot sont implicites, dans la mesure où la situation est réelle. Nous
sommes ici dans une situation d’immersion, qui, réelle ou pas, rentre bien dans le cadre de la réa-
lité virtuelle. De plus, fonctionellement parlant, un tel système d’immersion constitue le système
le plus simple que l’on puisse imaginer, dans la mesure où il n’agit que comme un «convoyeur»
d’information.
3.5 Détection d’in t entions
Nous avons jusqu’ici proposé deux degrés de virtualisation, allant jusqu’à la virtualisation
de l’agent physique complet. La question d ’une virtualisation à un degré encore plus profond,
c’est à dire au niveau de l’agent de transcription, se pose d onc naturellement. Nous montrons
ici qu’une telle situation, illustrée par la figure 5 en page suivante, peut être approchée grâce au
concept de détection d’intentions.
La situation idéa le d’interaction en réalité virtuelle est c elle où l’opérateur n’a plus aucun tra-
vail physique à fournir. Si l’on veut cependant que celui-ci garde le contrôle de la situation, il lui
faudrait alors exp rimer seulement ses intentions pour que la machine accomplisse automatique-
ment la tâche visée. La version idéale, totalement futuriste, d’un tel système met en œuvre une
communication de type télépathique entre l’homme et la machine. C ette idée peut cependa nt être
approchée par l’utilisation d’un système de détection d ’intentions qui réduirait au maximum le
travail physique de l’opérateur : le but est de laisser l’opérateur agir, mais de détecter le plus
rapidement possible ses intentions opératoires, afin de prendre le relai.
Par rapport au modèle M
R
IC, ce dernier exe mple consiste bien en une virtualisation au troi-
sième degré, c’est à dire où l’agent de transcription lui-même est virtualisé. L’opérateur a ainsi
l’impression de n’avoir qu’à exprimer ses intentions (
) pour que le travail soit effectué. Ceci
constitue le plus haut degré de virtualisation que l’on puisse atteindre tout en gardant un opéra -
teur dans la situation.
10 Définir le virtuel: une approche cognitive